samedi 15 mai 2010

Politiciens, science et crise de confiance

Pour le bien de la démocratie, les politiciens doivent s’intéresser davantage à la science. Pourquoi ? Je vois trois raisons à cela.

Premièrement, les scientifiques et les chercheurs de tous les domaines produisent des nouvelles connaissances dont les politiciens devraient s’inspirer pour légiférer et mettre en place des politiques publiques. Le cadre législatif et réglementaire serait plus solide s’il était ancré dans des études, des recherches menées de façon rationnelle et désintéressée. Les ‘attendus que’ de chaque projet de loi devraient faire davantage mention de résultats de recherches justifiant le dépôt du projet. Entre autre, les gouvernements doivent prêter oreille à ce que les chercheurs de leurs propres ministères leur disent à travers les nombreux rapports et études qui y sont produits. Le citoyen n’a au bout du compte aucun intérêt à ce que soient oubliés sur des tablettes des rapports de recherche rédigés par des chercheurs travaillant pour la fonction publique. Ce type de pratique constitue un gaspillage éhonté d’argent et de connaissance et nuit à la démocratie.

Deuxièmement, il suffit d’ouvrir les journaux pour comprendre à quel point la science et la politique sont plus que jamais liées l’une à l’autre. Des changements climatiques aux pandémies, de la listériose aux accommodements raisonnables, des catastrophes naturelles aux catastrophes financières : autant d’enjeux qui exigent la possession de notions scientifiques de la part de ceux qui prennent des décisions. Le rôle du politicien est de prendre les meilleures décisions possibles pour la gouverne du pays, mais à travers ce rôle, celui de communicateurs est essentiel. De façon croissante, avec la complexité grandissante des enjeux auxquels les gouvernements doivent s’attaquer, les politiciens doivent être de véritables communicateurs scientifiques, capables de vulgariser, c’est-à-dire de dire avec des mots simples des notions souvent complexes, pour expliquer aux citoyens à la fois la nature des problèmes et les décisions qui sont prises pour les régler.

Enfin, en s’inspirant davantage des scientifiques et de leur travail, les politiciens contribueraient à coup sûr à mettre fin à la crise de confiance qui secouent nos institutions démocratiques. Car si, sondage après sondage, les politiciens se retrouvent au bas de l’échelle quant à la confiance qu’ils suscitent auprès des citoyens, c’est tout le contraire pour ce qui est des scientifiques et les chercheurs, qui jouissent d’un grand respect de la part du public. La transparence, la critique vis-à-vis de soi-même, et l’attitude désintéressée de la pratique scientifique ne sont certainement pas étrangères au respect qu’on voue aux scientifiques. Cette crise de confiance est le plus grand danger que vivent actuellement nos institutions démocratiques. Nous avons tous intérêts comme citoyens à ce que les politiciens s’inspirent des scientifiques.

Au-delà de notre économie, la société du savoir doit prendre racine dans le monde politique. Les politiciens n’ont pas besoin d’un doctorat en science pour bien servir les citoyens : il suffit qu’ils soient sensibilisés à l’importance de la science et de la recherche. Ils doivent comprendre qu’il est de leur responsabilité de défendre la science.

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