dimanche 7 février 2010

Un manifeste pour la tolérance

Depuis une semaine circule sur le web le Manifeste pour un Québec pluraliste. J’invite tous mes lecteurs et les citoyens de Laurier-Ste-Marie à le lire et à le signer, comme je l’ai fait et comme l’ont fait plusieurs centaines de personnes en moins d’une semaine. Des intellectuels et citoyens de toute allégeance politique l’ont signé. Mais de quoi s’agit-il ?

Le problème auquel ont souhaité s’attaquer les auteurs du Manifeste est l’existence du risque que le Québec ne devienne une société intolérante vis-à-vis du pluralisme issu de l’immigration, et qui, ce faisant, ne se prive des avantages du pluralisme dans le cadre de son développement. Les initiateurs du Manifeste n’exagèrent pas ce risque à outrance et ne nient pas non plus l’existence d’autres problèmes ou dangers sociaux importants. Seulement, leur préoccupation et l’objet de leur intervention sur la place publique se résument à cela.

Des manifestations d’une telle intolérance surviennent de manière sporadique, heureusement sans la violence que l’on peut connaître dans plusieurs pays européens. Des prescriptions absurdes et remplies de préjugés du code de Hérouxville jusqu’à la tenue de la commission des accommodements raisonnables, de telles manifestations ont eu lieu. Mais les manifestations d’intolérance les plus dangereuses se produisent dans les relations personnelles et professionnelles, entre la personne qui embauche et celle qui cherche du travail, dans les discussions de salon, dans les tribunes téléphoniques, dans le courrier du lecteur des grands et des petits journaux, dans le cyberespace, etc. Ce n’est pas les recherches sur les manifestations de discrimination sous toutes ses formes, par l’État et dans la société, qui manquent.

Ce Manifeste appelle également à une résistance envers les requêtes faite au nom d’une laïcité dite stricte, qui selon les auteurs est une source d’intolérance envers les minorités. À mes yeux, le Manifeste propose une analyse intéressante et très valable de cette notion. « Faut-il le rappeler, la laïcité s’impose à l’État, non aux individus », écrivent-ils. Les auteurs du Manifeste constatent l’existence d’une interprétation ‘stricte’ de la laïcité fondée sur la « La volonté d’assurer absolument l’émancipation à l’égard des croyances considérées autoritaires ou passéistes, en refusant tout accommodement au nom d’un impératif laïque, (et qui) comporte tous les ingrédients d’une possible exclusion, contraire à l’objectif d’intégration ». Ainsi, l’athéisme fervent, à travers son bras politique, le laïcisme, souhaite imposer à travers l’État sa conception de la vie bonne sur d’autres conceptions.

En tant que libéral critique du nationalisme identitaire à la fois comme mode de vie et comme position politique, je trouve réjouissant et rassurant que des intellectuels nationalistes aient joints leurs signature à un Manifeste qui prône le pluralisme, et qui va jusqu’à affirmer qu’il est périlleux que des valeurs comme la primauté de la langue française soient en concurrence avec la charte des droits. Ce texte aurait pu être en tout point être rédigé en anglais et convenir à la communauté anglophone. En d’autres temps, un tel Manifeste n’aurait été possible.

Je vous invite donc fortement à le signer car il s'agit à mon avis d'un geste citoyen responsable et non partisan.

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