jeudi 28 janvier 2010

Libéralisme(s) et interdiction du voile intégral - une interprétation

On apprend aujourd’hui dans les gazettes que le chef du PLC ne croit pas que le Canada devrait interdire le port du voile intégral, contrairement à ce qu’est en voie de faire, non sans hésitations et sans opposition, le gouvernement français. Or il est à parier que cette position du chef libéral ne sera pas populaire tant la burqa est un symbole fort de l’oppression des femmes par les islamistes. Disons d'emblée que les prises de position n'ont pas toutes des fondements éléctoralistes et certaines sont basées sur des principes qui ne sont pas toujours populaires. À travers les critiques vis-à-vis des opposants à l'interdiction, on pénètre dans un débat, qui est déjà amorcé chez les libéraux fédéraux et qui met en scène, de façon implicite, deux formes de libéralisme visant la défense de principes assez différents.

Une première forme de libéralisme est le libéralisme comme promoteur des vertus de liberté et d’autonomie en tant que mode de vie. Ce que cette forme de libéralisme valorise et recherche, c’est l’autonomie individuelle vis-à-vis des dogmes et de l'oppression, c’est la priorité donnée à la pensée rationnelle sur le mythe, c’est la poursuite du désenchantement du monde par la pensée critique. C’est le rejet de l’hétéronomie, cette condition d’une personne qui reçoit de l’extérieur, plutôt que de sa propre raison, la loi morale à laquelle elle se soumet (on pense à Moïse qui reçoit des mains de Dieu les tables de la loi avec les dix commandement, mais cela s’applique à toutes les religions ‘révélées’). Une caractéristique de ce type de libéralisme au Canada est son aversion pour les politiques multiculturalistes, qui encouragent la diversité en fermant les yeux sur les pratiques culturelles et religieuses souvent contraire à l’idéal rationnel vis-à-vis des grandes questions morales.

La seconde de forme libéralisme se veut beaucoup plus neutre au sujet de la manière par lesquelles une personne souhaite vivre sa vie et ne vise pas la promotion des vertus libérales en tant que mode de vie. Dans ce type de libéralisme, toute doctrine qui tente d’apporter une réponse aux questions éthiques du bien et du mal, que cette réponse réside dans l’existence d’un dieu ou dans la raison humaine, a droit de cité a priori. C’est pourquoi on qualifie cette position, à tort à mon avis, de moralement relativiste. Historiquement, cette forme de libéralisme était une réponse aux politiques d’intolérance des États vis-à-vis des sectes religieuses, notamment en Grande-Bretagne, en Hollande, en Allemagne et en France du 16e et 17e siècle. La liberté religieuse, la liberté de conscience et d’expression vis-à-vis des grandes questions morales sont les absolus de ce type de libéralisme, et c’est pourquoi ce libéralisme se retient lui-même de demander à l’État de légiférer dans le sens de l’interdit. Et faut-il rappeler que cette liberté religieuse et de conscience est invoquée non pas pour préserver les religions en tant que telles, mais parce qu’on doit garantir à l’individu, en qui se trouve le siège de la morale, la capacité d’exercer ses choix. Tout ce que le libéral peut faire, c’est d’exiger que l’État garantisse, en autant que faire se peut à travers les lois et la Charte, que chaque personne, incluant les femmes destinées à être voilées par leur famille, puisse agir selon leur âme et conscience. Cela peut être un rêve de doux idiot, un leurre, mais les traditions d’intolérance religieuse ou autre par la majorité et par l’État en occident sont aux moins aussi importante à prendre en considération que les menaces d’infiltration islamiste.

La prise de position affirmant le rejet de l’interdiction du voile intégral est fondée sur des principes libéraux historiquement et philosophiquement très justifiés. Dire qu’une personne est moins libérale parce qu’elle prend cette position démontre une compréhension biaisée et unidimensionnelle du libéralisme. Un débat ouvert sur la question, notamment entre les libéraux, devrait avoir lieu

4 commentaires:

  1. Bravo Monsieur Allard!
    Le PLC a besoin de debattre no seulement au sujet de notre vision sur les relations avec l'extremisme islamique.
    La question serait la suivante:
    Comment propose le PLC de defendre les principes fondateurs de notre societe multiculturelle, bilingue, aceuillante de la diversite si ces principes sont menaces par des extremistes religieux ou autres?
    Merci beaucoup de votre contribution au debat quelque peu domine par la peure ou l'anxiete alimentee par le debat en France et en Europe ou les realites sont differentes a la notre.
    Jean-Paul Ruszkowski
    Gatineau-Hull

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  2. Votre bla bla pénible à lire m'incite à ne pas voter libéral. Derrière vos beaux principes jovialistes mais hypocrites, vous cachez votre soutien aux pires intégristes islamistes. Je veux n'importe quoi sauf ça pour mon pays. Vous avez perdu mon vote.

    Pierre

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  3. P.S. : vous divaguez complètement quand vous dites que votre chef aurait pris une décision impopulaire en disant oui à la burqa. Premièrement il n'a pris aucun risque puisque tous les autres partis nationaux ont la même position. Ensuite c'est un fait connu que les comtés à forte concentration musulmane votent en majorité libéral et votre chef ne veut pas leur déplaire. Pour le reste vos positions sont à l'avenant : creuses, insignifiantes, jovialistes, irresponsables. Et vous prétendez avoir le calibre requis pour être mon député fédéral ? Ayoye...

    Pierre Demers

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  4. Monsieur Demers,

    Merci d'avoir pris le temps de lire ce blog et d'avoir exprimé votre avis. Permettez-moi d'y répondre brièvement. Au sujet de votre affirmation à l'effet que M. Ignatieff ne voudrait pas déplaire aux musulmans, je tiens à vous rappeler, car peut-être l'ignorez-vous, que la très grande majorité des musulmans de sont pas des traditionnalistes (ou des extrémistes, comme vous semblez les identifier); je suis certain qu'une majorité ne voient pas d'un bon oeil le port de la burqa. Je pense qu'on se trompe lorsqu'on fait un tel rapprochement. La position de M. Ignatieff n'a rien d'électoraliste, mais est fondée sur les principes que j'ai tenté de décrire dans ce blog, qui n'est après tout qu'un blog et non une thèse de doctorat.

    Je me désole sincèrement d'avoir perdu votre vote, mais vous ne gagnerez rien à voter pour les autres candidats à cause de cet enjeu. Comme vous dites, c'est la position de tous les partis nationaux, et, quelle que soit la position du Bloc québécois sur la question, il ne pourra jamais interdire quoi que ce soi. Autant voter pour un Parti qui peut avoir une influence réelle et positive sur l'intégration d'une majorité d'immigrants à la société québécoises et canadiennes.

    Quant à ma capacité à représenter les citoyens de Laurier-Ste-Marie, ça sera aux électeurs de décider aux prochaines élections.

    Cordialement,

    Philippe Allard

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