samedi 9 janvier 2010

Chassez le naturel, ou pourquoi la lutte contre l'homophobie doit être une priorité

Coin Beaudry et Sainte-Catherine, 23h00.

On est au cœur du Village et la ville nocturne bat son plein. Une faune y circule, qu’il m’a pris un certain temps à apprivoiser, mais qui depuis désormais est devenu à mes yeux un des symboles les plus puissants de liberté, une liberté vis-à-vis de ce qui est considéré comme normal, naturel. Existe-t-il une communauté gaie, comme il existerait une communauté (mettez ici le nom de votre cuisine préférée…) ? Je ne sais pas. Selon les définitions essentialistes d’une communauté, je n’en ferai probablement pas partie.

Je suis tombé sur un article publié sur Cyberpresse, intitulé Un plan de lutte contre l'homophobie méprisant pour la population. Texte écrit par quatre ‘professeurs de philosophie à la retraite’, mais pourtant indigne de la philosophie.

Les auteurs écrivent : « Partout sur la planète et à toutes les époques de l'Histoire les humains ont été en désaccord avec la nature de l'homosexualité. En vertu de l'exercice de leur capacité de penser, ils arrivent majoritairement à cette conclusion. En s'appuyant sur leur expérience, sur le bon sens et sur l'observation de la structure de la nature du vivant et de la condition humaine, il leur apparaît évident que la sexualité est au service de la vie, qu'elle requiert l'union de l'homme et de la femme et qu'elle demande une union stable en faveur du bien-être de l'enfant. » De tels propos doivent être décriés haut et fort.

De toutes les époques de l’Histoire humaine, les femmes ont été, et sont toujours dans de nombreuses sociétés, opprimées par les hommes sous prétexte de leur infériorité naturelle. La simple évocation du caractère naturel de l’oppression justifie-t-il un retour aux belles traditions misogynes d’autrefois ? Les injustices sociales ont été de tout temps et sont toujours le lot d’une grande partie de la population, dont une majorité a longtemps trouvé qu’elles étaient dans l’ordre des choses. Plusieurs pensent qu’il est normal, naturel qu’il y ait des pauvres et des riches : est-ce une raison pour baisser les bras devant le fléau des inégalités ? Le racisme, la discrimination, l’intolérance : autant de maux qui transcendent l’histoire et qui sont nés de l’esprit des hommes. Est-ce une raison de ne pas les combattre ? Est-ce mépriser les racistes qui trouvent les inégalités raciales normales que de les amener à adopter une position plus tolérante ? Pas du tout, c’est leur rendre un service, et à toute la société. C’est précisément en faisant appel à leur capacité de penser (et de ressentir, de se mettre à la place de l’autre, quel que soit sa différence) que des gouvernements prennent les initiatives de mettre sur pied des politiques du types de celles qui luttent contre l’homophobie.

Il n’y a rien de méprisant à penser que la majorité se trompe sur certain point. Toute innovation, fut-elle morale, technique, scientifique ou artistique, a été le fait d’une minorité, la minorité dérangeante contre la majorité dirigeante. Le plus souvent, la majorité tolère, accepte et comprend éventuellement, même si parfois cela va contre ses convictions morales initiales. Dans le cas de l’homosexualité, la majorité comprend, elle doit comprendre, qu’on ne lui demande pas de changer ses pratiques et de se mettre à être attirée par des personnes du même sexe, mais qu’il y a une limite à ce qu’elle peut imposer aux autres. Contrairement aux auteurs, je crois que la population est suffisamment mûre pour comprendre qu’il ne s’agit pas de glorifier l’homosexualité ou de dénigrer l’hétérosexualité, mais de respecter les choix que les personnes douées de raison peuvent faire pour elles-mêmes. Dans le cas de l'homosexualité, c'est l'identité même de la personne qui est en jeu, pas une simple coquetterie ou une préférence passagère.

Les auteurs affirment que « Refuser d'attribuer à l'orientation homme-femme les titres d'orientation normale et d'orientation la meilleure, c'est la priver injustement de la dignité qui lui revient de droit. ». Cela est faux et doit être combattu. La normalité, ce qui est considéré comme normal, est le résultat de l’imposition artificielle de valeurs qui n’ont rien de naturelles. En matière de relations humaines, car il s’agit de relations humaines beaucoup plus que de simples relations sexuelles, l’État doit s’assurer que les jugements moraux ne se transforment pas en injustices économiques, sociales ou administratives, d’une part, et qu’ils ne mènent pas non plus à créer un climat d’intolérance.

Il n’y a pas d’idéologie homosexuelle, contrairement à ce que soutienne les auteurs. Il y a l’idéologie des droits de la personne et ça suffit amplement. Et quant aux auteurs de l’article, je leur suggère d’aller sur la piste du Sky sur Ste-Catherine; ça les décoincerait un peu.

Philippe Allard
Candidat du Parti libéral du Canada dans Laurier-Sainte-Marie

4 commentaires:

  1. Merci de l'appui et du support!Ces hommes méritent pas le titre de philosophe!

    Serge Blais

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  2. Je suis au courant que les journaux n'endossent pas nécessairement les propos. Et c'est bien qu'ils aient publié cet article. Ça mets en lumière leur position ( je parle des auteurs).
    Mais devant des propos aussi méprisants envers la communauté gaie, ça serait un devoir du ou des journaux qu'ils specifient clairement, à la fin du texte par exemple, que leur opinion ne rejoint nullement les propos de ces philosophes ( d'extrême droite, soit dit en passant).

    Et si je reviens sur ce dit texte, je constate qu'is n'ont rien compris à la cause de gens qui militent contre l'homophie....
    La cause revendique une chose: c'est que cesse les gestes de violences verbales et/ou physiques et qu'il y ait plus de tolérance. Ils réagissent comme si on attaquait les hétérosexuels, la famlle, la religion et même l'évolutiion "naturelle" de "l'homme". Raël tant qu'à ça, bout'd'criss! Allez! on mets tout dans le même panier, peu importe ce que c'est et on fonce dans le tas!!! En fait leur réaction ressemble étrangement à des accomadations hautement "irraisonnables".
    Et de notre côté, nous devons nous poser la question:
    Doit-on tolérer l'intolérance?
    En tous cas, c'est ce que ces pauvres types font preuve: d'une grande intolérance et d'un mépris.
    Leur position ressemble aux campagnes politiques des américains Anita Bryant et John Briggs visant à limiter les droits des gai(e)s au courant des années 77 et 78!!!
    Holà! On recule en arrière, pas à peu près!
    Tous les avoirs, tous les acquis depuis les années 70 sont mis en péril par des soit disant "philosophes".
    Ce gens là sont dangeureux. Je dirais même plus que leur position frise carrément la maladie mentale!

    Jean-Yves Ahern

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  3. @Jean-Yves
    On ne doit pas tolérer que l'intolérance limite nos droits individuels. Que dans leur pauvre vie ils soient intolérants dans leur propos privés, c'est leur affaire; mais s'ils s'en prennent aux libertés fondamentales des autres, cela doit être dénoncé. Merci du commentaire et bonne fin de journée !

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  4. Je suis d'accord avec vos propos

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