lundi 5 avril 2010

Gilles l'aventurier

Serait-ce donc la fin pour Gilles Duceppe ? Il est dans la tradition de voir les chefs d’État et chefs de gouvernement amorcer de vastes tournées internationales au terme de leur ultime mandat. On se souviendra de la très fameuse et très coûteuse tournée d’adieu de Brian Mulroney en 1993, qui l’avait mené aux quatre coins du monde. Alors que le pays croulait sous la dette, que les scandales s’accumulaient et que l’impopularité de sa personne et de son gouvernement atteignaient des records, on pouvait comprendre que l’ancien chef conservateur avait voulu prendre l’air du large.

À défaut de pouvoir s’offrir un chant du cygne de chef de gouvernement, Gilles Duceppe vient d’amorcer une tournée qui le mènera lui itou en terre étrangère, c'est-à-dire dans les autres provinces canadiennes, terre hostile au mouvement (sic) séparatiste, lieu de perdition des francophones.

20 années sur les bancs d’une double opposition, à titre de député d’un parti qui ne pourra jamais avoir exercer le pouvoir et à titre de leader d’une option constitutionnelle sans avenir, ça fatigue, et ça donne le goût d’aller voir ailleurs. « 7494 nuits, seul, ça dispose un homme… », comme chantait Jean-Pierre Ferland.

L’objectif avoué de cette tournée est de « sonder la perception du "reste" du Canada face à la souveraineté du Québec ». Un article de la Presse canadienne nous apprend par ailleurs que le « le chef du Bloc veut discuter "ouvertement" de la seule option qui, selon lui, s'offre aux Québecois, soit la souveraineté du Québec. »

Lorsque viendra le temps de voter aux prochaines élections fédérales, les électeurs de Laurier-Sainte-Marie et des autres circonscriptions québécoises pourront constater que la ‘souveraineté’ du Québec ne fera pas partie des choix offerts. Car même en votant pour le Bloc québécois, cela n’est pas un vote pour la ‘souveraineté’. Voter pour le Bloc, c’est voter pour un parti politique qui n’a aucun intérêt à ce que le Canada fonctionne et progresse. Qui plus est, on peut tous constater qu’après vingt ans, la présence du Bloc n’a pas fait avancer la souveraineté d’un pouce, et c’est bien heureux. Lors des prochaines élections, ce que les citoyens canadiens vivant au Québec pourront voir, c’est une liste de candidats et de partis ayant chacune une vision bien différente des orientations que devrait prendre le prochain gouvernement.

Mais on pourrait rire devant tant d’incohérence s’il n’y avait pas quelque chose d’odieux dans cette tournée. L’irresponsabilité et l’hypocrisie du séparatisme vis-à-vis des francophones des autres provinces canadiennes atteint son comble lors que Gilles Duceppe se prétend « préoccupé par l'assimilation des francophones du Canada, qu'il qualifie de fulgurante. » S’il était véritablement préoccupé, Gilles Duceppe travaillerait au renforcement des lois sur le bilinguisme et sur les droits de minorités linguistiques, et abandonnerait l’idée que le Québec ne se sépare du Canada.

De résistant autoproclamé, Gilles Duceppe enfile aujourd’hui les habits d’aventurier du séparatisme et de colporteur de la souveraineté. Si cette nouvelle aventure n’est peut-être pas appelée à être la dernière, elle est néanmoins le signe que les choses stagnent pour le Bloc et pour son chef sur les terres ancestrales. On se demande bien en quoi une telle tournée peut être constructive et ou même utile pour ses commettants et pour les Québécois.

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